ATTENTION: la note ci-dessus n'est pas ce qu'on pourrait appeler une note objective, étant un fan inconditionnel de la saga. Si vous n'êtes pas un gros fan de Fable, vous pouvez enlever facilement jusqu'à deux étoiles, suivant votre niveau de tolérance...
Aussi longtemps que je m'en souviennes, Fable et moi, c'est une grande histoire d'amour. Après un premier
épisode qui m'a plutôt réjoui et un deuxième épisode qui m'a sidéré,
j'attendais le troisième épisode avec une impatience certaine, mêlé
d'une certaine appréhension quand au temps réduit de développement entre les épisodes 2 et 3 (bien plus court que les deux premiers).
Evidemment, le point le plus
important de cet épisode, c'est le fait de pouvoir être roi (chantez la
chanson de Simba pour être dans l'ambiance). Mais avant toute
chose, il vous faut menez une révolution pour renverser le roi actif,
qui d'ailleurs n'est autre que votre frère. Et vous-même êtes d'ailleurs le fils du dernier grand héros en date, qui n'est nulle autre que le
héros du second volet (50 ans sépare les épisodes). Aidé par Walter,
chef de la garde royale, et de Jasper, fidèle serviteur, vous allez
voyager au coeur d'Albion (et plus encore) pour trouver des partisans et ainsi avoir le maximum d'alliés au moment de prendre le château de
Bowerstone.
Cette première partie est du Fable
pur jus: vous découvrez des lieux mystiques et affrontez des ennemis de
plus en plus redoutables. De ce côté, pas de surprises: on
redécouvre avec plaisir les homme-creux, balverines et hobbes. On
navigue dans plusieurs lieux, souvent nouveaux mais au style similaire
par rapport au second, sauf pour les décors plus artificiels, le jeu se
déroulant dans l'ère de la révolution industrielle, ce qui donne au jeu
un cachet plutôt sympathique surtout à Bowerstone, où certains
passages donnent l'impression d'évoluer dans un "Oliver Twist"
fantastique, décor qu'on a pas forcément l'habitude de voir, le tout
mêlé à cette stylisation propre à Fable et à son humour "so british".
Et même les décors naturels font plaisir à voir: des grottes grandioses où des voluptes de lumières transpercent l'horizon, jusqu'aux déserts
immenses d'Aurora remplis de mystères et de nouveaux ennemis. Aurora, nouveau continent, qui d'ailleurs aurait mérité d'être approfondie tant c'est dépaysant. Sans parler de l'arrivée sur ce continent à la moitié du jeu, qui propose
une narration et une mise en scène vraiment réussie et dévoilant le
véritable adversaire du jeu de manière géniale et dramatique.
Niveau gameplay, c'est le jour et la nuit. Autant je suis déçu de la simplification de certains éléments, comme le fait
de passer par le menu pour choisir sa magie, l'expérience au combat bien moindre et qui a finalement beaucoup moins d'incidence sur le
personnage, et les tenues qui se résument seulement à de l'artificiel. Le côté RPG en prend un sacré coup, surtout que la plupart des objets ne
peuvent être utilisé qu'aux moments où le jeu vous le propose. Et l'interaction avec les PNJ sont beaucoup moins libres: une expression
gentille, une expression méchante, et une expression drôle. Et les
différentes expressions ne sont pas sélectionnables, elles sont
pré-choisies et ont la même incidence sur le personnage. Dommage.
Mais à côté de ça, certains éléments sont bien trouvés. A commencer par le menu, qui n'est autre qu'une sorte d'anti-chambre vous menant à d'autres pièces où vous pourrez choisir vos armes et magies,
regarder votre or, changer de tenues ou encore rejoindre un ami pour de
la coop. La carte est aussi accessible, bien que celle-ci soit
franchement mal fichu, car ne représentant pas vraiment les bonnes
proportions des lieux. Mais elle permet d'accéder directement à une
quête ou de pouvoir acheter ou contrôler toutes les bâtisses que vous
pouvez acheter sans aller sur place. Très pratique. Le jeu vous permet aussi d'utiliser une combinaison de deux magies, ce qui permet d'essayer plusieurs mélanges assez sympas. Les armes sont quand à elles customisables suivant des conditions particulières.
Enfin, pour améliorer votre personnage, il faut accéder à la Route du Pouvoir. A chaque évènement important dans l'histoire, vous serez téléporté sur
cette Route qui représente votre acension jusqu'au trône. A chaque
porte, vous débloquez l'accès à des coffres qui vous permettent
d'améliorer vos compétences, de débloquer des magies ou des expressions, ou la possibilité de vous marier ou d'acheter des commerces. Des choses intéressantes donc, mais qui ne font pas oublier certaines
simplifications. Le jeu souffre par contre de ralentissements
assez récurrents sur certains lieux comme Millfields, Driftwood ou
Brightfall, et font vraiment peur tellement ça gâche certaines balades. Le jeu n'est vraiment pas optimisé comme il faudrait, je n'ai pas
souvenir d'avoir eu autant de problèmes au niveau framerate sur un jeu
console...
Malgré tout, la magie opère toujours. L'exploration, l'aventure, la recherche de trésors est toujours autant
fun. Le fait d'arriver dans un lieu, qui ne propose aucune quête mais
possède une porte fermée, que l'on peut ouvrir par un mécanisme secret
ou une clé, qui vous permettra de trouver un trésor caché sans que
quiconque vous en ait parlé. Une arme légendaire découverte
derrière une porte doré seulement accessible grâce à une des quatre clés planqués dans le monde d'Albion. Des quêtes parfois
invraisemblables comme ce jeu de rôles plateau géant où trois maîtres du jeu se bagarrent parce qu'ils ne se mettent pas d'accord sur l'aventure que vous êtes en train de vivre. Ou encore des lettres que vous trouvez ça et là, toutes signés par un certain Arthur et insultant gratuitement son destinataire, avant de découvrir plus tard que cet Arthur en
question n'a nulle autre but que d'insulter toutes les personnes vivant
en Albion... Ou cette traversé du désert d'Aurora, poursuivi par une
ombre mystique bien plus dangereuse qu'il n'y paraît...
Mais j'en oublie la seconde partie du jeu, votre règne. Et là, le jeu pose dès le début de cette partie une perspective intéressante: vous avez un an pour réunir le plus d'argent possible pour lutter
contre un ennemi qui arrivera sur vos terres, afin de sauver les
habitants d'Albion. La somme étant très conséquente, le jeu va
vous offrir plusieurs choix qui auront plusieurs conséquences: afin de
rallier vos compagnons, vous avez dû effectuer des promesses pour quand
vous serez roi d'Albion. Mais lors de votre règne, les choix vous
obligeront à choisir: est-ce que vous tiendrez vos promesses
tout en sacrifiant l'espoir de rentrer de l'argent, ou vous sacrifierez
toute la sympathie du peuple pour faire rentrer le maximum d'argent et
sauver le plus de gens possible? Un choix qui au final n'est
plus de l'ordre du bien ou du mal, puisque vous opérez dans les deux cas pour une bonne cause, si ce n'est que l'un sera moins visible sur le
court terme.
Et cette perspective est vraiment maligne et fait clairement écho avec la situation actuelle dans le monde. Etes-vous prêt à gagner la sympathie de votre pays au détriment de la santé du
gouvernement, ou préférez-vous choisir de ruiner votre réputation afin
de garantir une meilleure sécurité pour votre peuple? Un choix
de situation intelligent bien plus profond qu'il n'y paraît, et le côté
binaire de cette partie de l'aventure peut paraître beaucoup trop simple mais force le joueur à faire des choix lourds de conséquences. Ainsi,
beaucoups d'éléments d'Albion peuvent être modifiés à cause des choix
que vous ferez lors de cette partie, d'ailleurs beaucoup trop courte à
mon goût.
A ce niveau, on sent que les développeurs se sont dépêchés de terminer le jeu. La fin est vraiment bâclé, et aurait clairement aimé un travail à la
hauteur des ambitions. Peut-être est-ce à cause d'un temps de
développement plus réduit, on ne le saura pas... Toujours est-il qu'être roi, à part changer le comportement du peuple lors de vos visites, ne
modifiera pas le déroulement de quêtes ou n'autorisera pas plus de
folies que ça... Pour finir, un petit mot sur la durée de vie. En
considérant que je finis les jeux plutôt vite, j'en suis à une grosse
vingtaine d'heures de jeu après avoir fini une grosse majorité des
quêtes, dont pas mal de quêtes de collectes. Le jeu n'est franchement
pas dur (il me semble de pas être mort une seule fois) et peut
s'enchaîner assez vite.
Au final, Fable III apporte son lot de nouveautés en modifiant certains aspects des bases du second épisode sûrement pour satisfaire le grand public, pas habitué au genre du RPG. Ceux qui ont aimé le Fable 2 passeront sûrement d'excellents moments
tant on retrouve les situations et le plaisir de la découverte de la
saga, tout en offrant de nouvelles choses pas désagréables. Mais il faut occulter des aspects du gameplay disparus et de fréquentes et
alarmantes chutes de framerates dans certains paysages du jeu pour
pouvoir profiter à fond. Perso, je suis toujours aussi fan mais je ne peux m'empêcher de tirer une sonnette d'alarme pour un futur
épisode afin qu'il revienne à des bases plus solides et qu'ils
n'édulcorent pas plus les mécaniques du jeu...